In:Tarn - 3 seconds tours avec la NUPES
Bonjour,
Dans ce deuxième numéro d’In:Tarn, nous allons principalement revenir sur les résultats du premier tour des élections législatives. Les lectrices et lecteurs de la première édition auront noté que la majorité de mes analyses s'est confirmée dans les urnes.
Repartons néanmoins pour un tour d’horizon des trois circonscriptions tarnaises avant de dresser quelques conjectures sur les équilibres politiques du département à plus long terme.
Vos retours sur la première édition ont fait émerger deux attentes principales : d'une part plus d'explications sur le contexte politique du département et d'autre part plus de contenus visuels. J'ai tenté d'intégrer cela dans cette édition.
Bonne lecture !
Nathanaël
Court rappel terminologique :
Ensemble (ENS) = majorité présidentielle qui soutient Emmanuel Macron (ex-LREM),
Nouvelles Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES) = coalition rassemblant Europe Ecologie Les Verts (EELV), la France Insoumise (LFI), le Parti Communiste (PC) et le Parti Socialiste (PS),
Reconquête (REC) = mouvement dirigé par Eric Zemmour.
📚 Au sommaire
En bref
1re circo : la sortante éliminée
2e circo : 2 be 3
3e circo : Jean TERLIER devance le RN de 14 voix
Nouveaux équilibres
Data : pas de parti, pas de mandat
À suivre
⏩ En bref
🗳 158 039 votes exprimés dans le Tarn, soit 53,78% des inscrits / 0️⃣ Pascale CUNY, candidate sur la 2e circonscription ne recueille aucun suffrage / 🥇 Guilhem CARAYON en tête à Lavaur (29,92%) / 🟤 La maire de Vindrac-Alayrac, candidate Reconquête sur la 2e circo est battue dans sa commune par la candidate NUPES / ⏫ À Albi, sur la 1e circonscription, Muriel ROQUES-ETIENNE (ENS) double le nombre de voix obtenues aux municipales en 2020 / ✌️La NUPES récolte le plus de voix : 39 237 (24,83%)
🔎 Le tour des 3 circonscriptions
Si les tarnaises et tarnais ont plus voté que la moyenne nationale, la participation s’est établie à seulement 53,78%, une baisse de 1,2% par rapport aux élections législatives de 2017 et de 24,25% par rapport au premier tour de l’élection présidentielle.
1re circo : la sortante éliminée
Qualifiés : Gérard POUJADE (NUPES - 9 529 voix et 21,37 %) & Frédéric CABROLIER (RN - 8 999 voix et 20,18 %)
Députée depuis 20 mois, Muriel ROQUES-ETIENNE (ENS) a manqué la qualification pour le second tour de moins de 400 voix. Dans un message posté sur ses réseaux sociaux, elle pointe logiquement du doigt les candidatures dissidentes et ne donne pas de consigne de vote en mettant sur le même plan la NUPES et le RN qui représentent « les extrêmes, le populisme et la fracture ».
Avec cette absence de front républicain, Gérard POUJADE le candidat de la NUPES et maire du Séquestre, pourrait voir l’élection lui échapper, surtout si l’électorat macroniste se réfugie dans l’abstention ou le vote blanc. En effet, Gérard POUJADE ne peut guère compter que sur les reports venus d’Etienne MOULIN (4 186 voix et 9,39 %) ou de la candidate du Parti animaliste (1 075 voix et 2,41 %) : ce qui l’approcherait des 15 000 voix. À l’inverse, le candidat RN, qui n’était déjà qu’à 500 voix de la première place, pourrait bénéficier d’un report, même partiel, des électeurs qui choisirent les candidates et candidats divers centre au premier tour : il pourrait alors atteindre les 16 500 voix. Le RN gagnant une circonscription dans le Tarn ? Improbable mais plus impossible alors que son plafond de verre ne cesse de reculer.
2e circo : 2 be 3
Qualifiés : Karen ERODI (NUPES - 17 400 voix et 29,91 %) & Marie-Christine VERDIER-JOUCLAS (ENS - 16 487 voix et 28,34 %) & Julien BACOU (RN - 13 775 voix et 23,68 %)
La deuxième circonscription du Tarn est une des huit circonscriptions en France où l'on assistera à une triangulaire. En effet, le candidat RN, Julien BACOU, par ailleurs conseiller municipal de Graulhet où il réalise 34,2 % des voix, a réuni plus de 13 775 voix et dépassé ainsi le seuil de 12,5% des électeurs inscrits, qui permet de se qualifier pour le second tour.
Sur cette circonscription historiquement à gauche, c’est la candidate France Insoumise de la NUPES, Karen ERODI (29,91 %), qui a viré en tête avec 900 voix d’avance sur la députée sortante majorité présidentielle, Marie-Christine VERDIER-JOUCLAS (16 487 voix et 28,34 %). Karen ERODI se place notamment en tête à Albi, Carmaux, Gaillac, Rabastens et Coufouleux.
Julien BACOU devrait bénéficier du report de Céline BOYER, candidate Reconquête (2 342 voix et 4 %) et, éventuellement, d’une partie des électeurs de Corinne DARMANI, candidate affiliée au mouvement du candidat à la présidentielle Jean LASSALLE, qui a atteint 2 399 voix. Il pourrait approcher les 18 000 voix : un plus haut historique pour le Rassemblement National sur cette circonscription.
En revanche, la situation est plus serrée concernant Karen ERODI et Marie-Christine VERDIER-JOUCLAS, tout va se jouer sur le report des voix de celle qui se réclamait socialiste indépendante, Sandrine MADESCLAIR (2 155 voix et 3,7 %), ainsi que les suffrages allés vers les candidats du parti animaliste ou écologistes indépendants (total de 1 810 voix et 3,1 %).
3e circo : Jean TERLIER devance le RN de 14 voix
Qualifiés : Julien LASSALLE (NUPES - 12 308 voix et 22,27 % ) & Jean TERLIER (ENS - 12 281 voix et 22,22 %)
Sur la troisième circonscription du Tarn, Julien LASSALLE, candidat France Insoumise de la NUPES récolte 12 308 voix et devance le député sortant de 27 voix. Jean TERLIER, député Ensemble, échappe lui-même de peu à l’élimination par Virginie CALLEJON (RN) qui rassemble 12 267 voix. Les trois candidats ne sont séparés que de 41 voix : un recours qui conduirait à l’annulation du moindre bureau de vote pourrait annuler l’élection.
Dans le sud-ouest du département, Guilhem CARAYON (LR - 8 996 voix) fait figure de quatrième homme en faisant plus que doubler le score de Valérie PECRESSE, qui n’atteignait pas les 3800 voix. Dans un message sur Facebook, il invite à voter pour le candidat de la majorité présidentielle Jean TERLIER et, surtout, à reconstruire la droite.
Avec ce soutien clair, Jean TERLIER peut espérer l’emporter sur cette circonscription. D’autant plus qu’à gauche, la candidate du Parti Radical de Gauche (4 436 voix et 8 %) conditionne son soutien à Julien LASSALLE. Christelle CABANIS souhaite en effet que le candidat France insoumise « s’engage » pour le projet autoroutier de la future A69 (Toulouse-Castres) ou encore les Portes du Tarn, parc d’activités économiques situé dans l'ouest du département. Idem pour le président (PS) du Conseil départemental du Tarn, à la tête d'une majorité dans laquelle siègent des socialistes, des indépendants de gauche ainsi que des marcheurs. Dans un message, Christophe RAMOND n'encourage pas à voter pour la candidature de Julien LASSALLE. À moins d'un front anti-macron qui mobiliserait les électeurs du RN, la situation semble complexe pour Julien LASSALLE.

Nouveaux équilibres
Le grand perdant de ces législatives dans le Tarn, c'est Reconquête, le mouvement naissant d'Eric Zemmour, qui loupe son implantation locale. En agrégeant seulement 6 000 voix, le jeune parti ne récupère que 38 % des électeurs du candidat d'extrême droite à la présidentielle. La nouvelle formation semble condamnée à rester dans l'ombre d'un Rassemblement national qui ne cesse de repousser son plafond de verre.
La France insoumise prend le leadership à gauche avec 3 candidatures issues de ses rangs sur les 3 circonscriptions tarnaises. Pour autant, les scores de la NUPES sont moindres que ceux attendus. Le poids des candidats PC, EELV, PS et FI à l'élection présidentielle représentait un potentiel de 68 000 voix : la NUPES n'en aura récolté que 39 000, soit 57 %. La NUPES, une coalition de premier tour ? Attendons le second tour, si la NUPES transforme l'essai et fait élire au moins deux députés, on pourra parler de pari gagnant.
Le Parti socialiste n'est pas forcément perdant, étant donné qu'il était allié à la France insoumise dans la NUPES. Néanmoins, les élus socialistes régionaux et départementaux, dont Carole DELGA et Christophe RAMOND furent les têtes de pont, ont soutenu des dissidences qui n'ont pas été fructueuses. Pour autant, difficile de voir dans ces candidatures un échec total, elles ont rassemblé 10 800 voix, doublant le score d'Anne Hidalgo à la présidentielle. La gauche social-démocrate semble résister dans le Tarn, mais à son étiage le plus faible.
🔢 Data : pas de parti, pas de mandat
Faire exister une candidature en dehors des mouvements et partis politiques est une gageure. Aucun candidat indépendant, ou même dissident, ne s’est qualifié pour le second tour dans le Tarn. Les candidats de la coalition de la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron (Ensemble), la coalition de la gauche (NUPES) et le Rassemblement National se sont partagés 70% des voix, entérinant la théorie des trois blocs.
La nouvelle « tripartisation » de la vie politique enterre au passage les principaux acteurs de l’ancien bipartisme : Les Républicains (ex-UMP) et Parti Socialiste ont été respectivement affaiblis et dilués. Il en va de même pour les candidates et candidats qui vantaient le soutien des maires de la circonscription, l’ancrage local n’a pas été suffisant pour contrebalancer les dynamiques nationales propres à ce scrutin, très lié au résultat de l’élection présidentielle.
🗓 À suivre
14 juin jusqu'à 18h : dépôt des candidatures pour le second tour
19 juin : second tour des élections législatives
22 juin : ouverture de la XVIe législature de la Cinquième République
28 juin : élection du Président de l’Assemblée nationale par les nouveaux députés
30 juin : composition des différentes commissions permanentes de l’Assemblée nationale
1er juillet : La Tchéquie remplace la France à la présidence tournante du Conseil de l’Union Européenne
12 juillet : In:Tarn n°3
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