n°5 - 💦 Sécheresse / Danone / A69 / Bassin nordique
Bonjour et bienvenue,
Vous êtes toujours plus nombreuses et nombreux à lire In:Tarn et je vous remercie pour votre fidélité. Pour celles et ceux qui me lisent en ligne, je vous invite à vous abonner pour être certains de ne pas rater les futures éditions ! C'est aussi un moyen d'encourager ce projet.
Pour cette cinquième lettre, je vous propose un dossier sur l'eau, ressource ô combien vitale. Précieuse aussi, nous l'avons vu dans notre département tout cet été. Les conséquences de la sécheresse ont été terribles pour la faune, la flore et les activités humaines, surtout agricoles. Nous paierons encore les conséquences de cette sécheresse cet hiver puisque le niveau historiquement faible de remplissage des retenues empêchera les centrales hydroélectriques de produire de l'électricité. Vous le verrez ci-dessous, la gestion de cette ressource est éminemment politique.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce cinquième numéro,
Nathanaël
Au sommaire
En bref
Sécheresse : mobilisation générale
Forage de Danone : la pression monte à Murat-sur-Vèbre
A69 : l'Autorité environnementale conseille de retourner à la table à dessin
Data : 19,2 millions d’euros pour deux bassins
À suivre
En bref
⛽️ La préfecture a publié un arrêté portant limitation de la vente de carburants. La vente et l’achat de carburant sont limités à 30 litres pour les véhicules de particuliers. L'arrêté s'applique jusqu'à nouvel ordre.
🌹 La Vice-Présidente de la région Occitanie, également conseillère municipale et communautaire de Graulhet, Claire FITA, est l'une des 3 premières signataires du texte "Refondations". Ce texte, qui préfigure la compétition entre différentes sensibilités lors du prochain congrès du Parti socialiste, a également été signé par Nicolas MAYER-ROSSIGNOL, maire de Rouen et Lamia EL AARAJE, adjointe à la Maire de Paris.
🌹 Le Président du Conseil départemental du Tarn, Christophe RAMOND, est également signataire de ce texte. Il l'a annoncé dans un tweet, en ne mentionnant que Nicolas MAYER-ROSSIGNOL...
💼 Karen ERODI, députée (LFI) de la 2e circonscription du Tarn, compte désormais deux collaborateurs parlementaires. Clément CARRON était investi dans la France Insoumise (LFI) dans le Rhône tandis que le second collaborateur n'est autre que Julien LASSALLE, candidat LFI - Nupes défait sur la 3e circonscription.
🛗 Frédéric CABROLIER, député (RN) de la 1ère circonscription, est désormais entouré de 4 collaborateurs puisqu'il a récemment embauché le Délégué départemental du RN dans le Tarn. Julien BACOU est, à ses heures perdues, également Conseiller régional d'Occitanie et Conseiller municipal de Graulhet.
🩺 Frédéric CABROLIER invite, dans une question parlementaire, le ministre de la Santé à abandonner des dispositifs contraignant les jeunes médecins à effectuer une année de médecine générale pour plutôt "inciter les praticiens en fin de carrière à accueillir lors de la dernière année un interne originaire du département".
🇮🇹 Après la victoire de la coalition de droite et d'extrême droite, emmenée par Giorgia MELONI, lors des élections générales italiennes, Guilhem CARAYON, président des Jeunes Républicains, a publié un tweet qui n'a pas manqué de faire réagir à droite.

Sécheresse : mobilisation générale
Comme je le disais en introduction, la sécheresse estivale a rappelé aux Tarnaises et aux Tarnais combien l'eau était précieuse. Les pêcheurs et les agriculteurs ont été confrontés à pléthore d'arrêtés préfectoraux limitant les captages dans les rivières du département. Le Paysan Tarnais rapporte que la Chambre d'agriculture départementale dénombre des pertes de "-30 % pour les cultures d’hiver (colza, blé, blé dur, orge), de -50 % pour les productions fourragères et de -65 % pour la production d’ail" par rapport à la moyenne des années passées.
C'est dans ce contexte que le Président du Conseil départemental, Christophe RAMOND (PS), a présenté, le 27 septembre, aux côtés du Préfet François-Xavier LAUCH, son plan pour préserver l'eau.





Christophe RAMOND a annoncé vouloir planter 4 000 arbres ainsi que des haies ou vouloir encore optimiser les prélèvements d'eau et son stockage, tout en préservant les zones humides. De nombreuses mesures qui ont inévitablement ravivé la question de la construction d'une retenue à Sivens, posée par La Dépêche du Tarn (édition du 27/09). Sur ce sujet, le Président du Conseil départemental a renvoyé vers le Préfet, à qui il demande de saisir de nouveau l'instance de co-construction.
Si l'installation brutale de l'automne peut laisser penser que le pire est derrière nous, la situation reste précaire. Au 14 septembre 2022, 109 territoires étaient concernés par des arrêtés de restrictions, notamment dans le Tarn, comme le montre la carte ci-dessous, extraite de la note de situation hydrologique du bassin Adour-Garonne.
Forage de Danone : la pression monte à Murat-sur-Vèbre
La commune de Murat-sur-Vèbre est située à l'extrême Est du département, dans la pointe que forme le Tarn à sa frontière avec l'Hérault. À proximité de cette commune de 850 habitants, la grande retenue du Laouzas et ses centrales hydrauliques. Pourtant, ici, ce n'est pas l'eau dans les retenues qui suscite des tensions, mais celle stockée dans les nappes souterraines.
Danone implanté de longue date dans la région
C'est plus particulièrement l'attribution, à l'été 2021, d'un permis de forage exploratoire par la DDT du Tarn à Danone Waters France qui a suscité la polémique. Polémique désormais relayée par la presse nationale.
À La Salvetat-sur-Agout, Danone Waters France exploite déjà une source de manière industrielle. Mais depuis mars dernier, Danone Waters France a lancé les forages de reconnaissance dans une nappe souterraine qui se situe dans le Tarn, à une vingtaine de kilomètres, sur le territoire de la commune de Murat-sur-Vèbre.
La crainte du manque
Comme le relatent Le Monde et Libération, et avant eux la presse locale, les habitants du territoire n'ont pas vu d'un bon œil ces forages exploratoires, redoutant à terme des menaces sur l'approvisionnement en eau potable ou encore la raréfaction d'une ressource nécessaire à l'élevage des bovins et ovins. Des activités très développées dans cette commune rurale.
Les opposants à ce forage exploratoire ont donné de la voix dans la presse, et en ligne. Une pétition en ligne lancée par des locaux cumule à ce jour 28 000 signatures : si la Salvetat a mis le sud en bouteille, le Tarn ne veut pas y finir.
L'affaire prend une tout autre tournure lorsque le maire de Murat-sur-Vèbre, aussi président de la Communauté de communes des Monts de Lacaune et de la Montagne du Haut Languedoc, Daniel VIDAL (Divers Centre), découvre un tag le menaçant sur son domicile le 1er octobre. Ce tag, digne de la série Baron Noir, a été condamné par le collectif d'opposants au forage et par de nombreux élus du département. Daniel VIDAL a également été soutenu par le Préfet du département.
Statu quo jusqu'en mars 2023
Dans un communiqué, la Préfecture rappelle que si Danone Waters France souhaitait se lancer dans l'exploitation industrielle des sources présentes sur la commune, il lui faudrait :
une autorisation d’exploiter le forage, de transporter l’eau, de la conditionner, de la caractériser comme eau de source ou comme eau minérale. L’agence régionale de santé assurerait l’instruction de ce dossier ;
une autorisation de prélèvements si le volume d’eau est supérieur ou égal à 200 000 m3/ an. La DDT du Tarn serait en charge de l’instruction de ce dossier.
En l'occurrence, Danone Waters France doit d'abord terminer la phase de contrôle de la qualité de l'eau, démarrée avec les forages exploratoires de mars 2022 et qui doit durer un an au minimum. Ainsi, rendez-vous en mars 2023 pour savoir si le groupe souhaite se lancer dans la demande de permis et d'autorisations.
Pour autant, comme le précise la Préfecture, un dépôt de demande ne serait pas synonyme d'attribution de permis. Nul doute que Danone Waters France rencontrerait plusieurs freins pour mener ce projet à terme :
les habitants de la région sont très mobilisés contre ce projet,
le modèle de la consommation d'eau sous plastique est de plus en plus décrié,
la consommation d'eau semble déséquilibrée dans ce territoire (voir la carte de la DREAL en haute définition).
A69 : l'Autorité environnementale conseille de retourner à la table à dessin
Au début du mois, les médias locaux ont fait part du rapport, peu élogieux, de l'Autorité environnementale sur le projet d'autoroute A69, qui devrait relier Toulouse à Castres.


L'Autorité environnementale rapportait en effet de "nombreuses lacunes en ce qui concerne les impacts sanitaires, les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre" dans les documents partagés par les porteurs du projet. Pire encore, les membres de l'Autorité environnementale jugeaient que "ce projet routier, initié il y a plusieurs décennies, apparaît anachronique au regard des enjeux et ambitions actuels de sobriété."
Le futur concessionnaire, Atosca, a répondu par voie de presse aux commentaires sévères de l'Autorité environnementale. Atosca fait valoir l'exigence des études d'impact menées et s'engage sur quelques aménagements ou mesures qui devraient favoriser les mobilités décarbonées.
Tout ce débat dans la presse autour du projet et de ses modalités illustre la pertinence de la création, en 2009, grâce à la transposition de directives européennes, de l'Autorité environnementale. Rattachée mais indépendante du Ministère de l’Écologie, l'Autorité environnementale rend des avis qui ne sont pas juridiquement contraignant pour les porteurs de projets.
Ainsi, la publication de ce rapport répond plutôt à une mission de conseil et d’expertise à destination des autorités décisionnaires et du grand public. On peut donc se réjouir de voir la presse et la société civile débattre, à nouveau, de ce projet d'A69.
Data : 19,2 millions d’euros pour deux bassins
La Communauté d'Agglomération de l'Albigeois désire se doter d'un nouvel équipement nautique. En l'occurrence, la C2A envisage de construire deux bassins nordiques pour un montant de 19,2 millions d’euros hors taxe, selon France 3. La particularité de ces bassins ? Ne pas être couverts, et nécessitant d'être chauffés pour que la baignade y soit possible en dehors de l'été.
À l'heure de la sobriété énergétique et de l'économie des matières premières, cette décision semble aller contre le bon sens. Le pays albigeois n'était pas particulièrement réputé pour sa géothermie.
Dans son blog, Loïc STEFFAN donne une estimation de la consommation énergétique de deux bassins nordiques équivalents à ceux proposés.
Selon ses calculs, 6000 Mégawatt-heure seraient nécessaires chaque année pour chauffer ces bassins. En 2021, en France, le prix moyen du Mégawatt-heure était de 42€ (soit 252 000 €). Il devrait dépasser les 200 € pour 2022 (soit 1 200 000€). La hausse du coût de l'énergie va certainement imposer de recalculer le coût prévisionnel de fonctionnement d'un tel équipement.
À suivre
du 10 au 28 octobre : Examen en séance publique du PLF à l'Assemblée nationale (1ère lecture)
20 octobre : limite pour déposer une motion dans le cadre du congrès d'Europe Écologie Les Verts (EELV)
du 20 au 26 octobre : Examen en séance publique du PLFSS à l'Assemblée nationale (1ère lecture)
28 octobre : fin du dépôt des projets pour le budget participatif du département du Tarn
31 octobre : vote pour les 3 projets préférés des albigeoises et albigeois dans le cadre du budget participatif
4 novembre : mise en ligne de la liste des candidats habilités à se présenter et début de la campagne officielle en vue de l’élection du Président de Les Républicains (LR)
8 novembre : le Parti socialiste (PS) organise une des premières étapes préalable à son congrès (Conseil national de dépôt des contributions)
Mi-novembre : In:Tarn n°6
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