Bonjour et bienvenue,
Je vous propose de démarrer par les retraites dans la partie “En bref” qui revient sur les manifestations et le vote des sénateurs tarnais.
Ensuite, je vous invite à lire un dossier sur l’industrie et le Tarn. Ces dernières semaines, les élus tarnais ont beaucoup communiqué sur l’hydrogène, voyons ce que peut apporter cette filière à notre département. La réindustrialisation est-elle en marche ? Je vous laisse le découvrir.
Enfin, je vous adresse un questionnaire de satisfaction pour que vous me disiez comment vous trouvez In:Tarn après ces 10 numéros. Le lien pour y accéder est tout en bas, avant le gif animé.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce dixième numéro,
Nathanaël
Au sommaire
En bref
Dossier : le long chemin vers la réindustrialisation du Tarn
Data : 1ère étoile au Michelin depuis 2015
À suivre
En bref
👴 Retraites. La mobilisation ne faiblit pas dans le Tarn, avec des manifestants encore nombreux ce mardi 14 mars à Castres puis Albi. Les deux sénateurs tarnais Union centriste votent pour le report de l’âge de départ à 64 ans.
💦 La fuite. Danone renonce pour l’instant à déposer une demande de forage à l’issue de ses forages exploratoires à Murat-sur-Vèbre. Je vous en parlais dans In:Tarn n°5.
📙 Champollion. Le sénateur centriste Philippe BONNECARRERE a interrogé la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche sur les moyens alloués à l’INU Champollion, invitant celle-ci à accompagner la montée en puissance de la structure.
🏎 Circuit d’Albi. La Chambre régionale des comptes a rendu deux rapports (ici et ici) sur deux associations utilisatrices du circuit subventionnées par la Mairie d’Albi. Les magistrats relèvent de la “négligence dans la transparence comptable” ou encore une “situation source de conflit d’intérêts.”
🟡 Radical. L’ancien Premier ministre Bernard CAZENEUVE était présent à Labège (31), au congrès du Parti radical de gauche (PRG) auquel il était invité. Carole DELGA et Christophe RAMOND avaient fait le déplacement, bien qu’ils soient tous deux adhérents du Parti socialiste.
💉 Vaccination. La députée LFI de la 2e circonscription, Karen ERODI, appelle l’Agence régionale de santé à lever la suspension d’une docteure installée à Carmaux. Si le territoire connaît déjà une raréfaction du nombre de médecins généralistes, l’ARS s’oppose à ce que la médecin puisse recevoir des patients sans être vaccinée. La docteure refuse la vaccination et tient des propos douteux sur les effets de la vaccinations.
➡️ Et aussi… Karen ERODI s’étonne que la SNCF fasse appel à ses salariés retraités / Carole DELGA, Christophe RAMOND et 46 élus de gauche appellent à un plan d’urgence pour l’égalité femmes-hommes sur les territoires / Un nouveau groupe dans la majorité municipale de Graulhet / À Albi, le projet de bassin nordique continue de prendre l’eau.
Dossier : le long chemin vers la réindustrialisation du Tarn
Fin février, Christophe RAMOND, président (PS) du Conseil départemental du Tarn, annonçait l’implantation d’un site de production d’hydrogène “vert” sur l’ouest du département, dans la zone d’activité des Portes du Tarn.





Depuis 2021, le parc d’activités des Portes du Tarn est labellisé “sites industriels clés en main”, un dispositif piloté par l’Etat pour encourager et faciliter l’implantation de nouvelles industries dans les territoires candidats. Récemment, le président de la République a réaffirmé sa volonté de réindustrialiser le pays.
Analysons la participation du Tarn à cette dynamique nationale, en démarrant par un portrait économique de notre département, avant de nous intéresser aux enjeux à relever dans les années à venir.
Une désindustrialisation forte à partir des années 90
Dans le Tarn comme dans la plupart des départements français, l’emploi industriel diminue entre 1990 et 2014. D’après une note de l’INSEE, on apprend toutefois que la baisse est si forte dans le Tarn qu’elle correspond à des niveaux similaires à ceux des départements du Nord-est de la France. En effet, en 25 ans, l’emploi industriel recule de 2,1 % en moyenne par an dans le Tarn, soit un total de 12 000 emplois effacés. Cette décrue de l’emploi industriel s’explique principalement par le déclin des bassins de Castres - Mazamet et Graulhet, spécialisés respectivement dans le textile et le cuir.

Durant cette période, à l’extérieur du département, la filière aérospatiale se structurait. Si le secteur aérospatial est le poumon industriel de Bordeaux à Toulouse en passant par Figeac, il est quasiment absent du Tarn. En 2020, dans la zone économique Toulousaine, l’INSEE estime que 15,5 % des emplois salariés marchands sont créés par la filière aérospatiale. Le Tarn n’a jamais bénéficié de cette dynamique aérospatiale. En 2020, seul 0,4 % de l’emploi salarié marchand est dédié à cette filière dans la zone économique Albigeoise et 0,2 % pour la zone économique de Castres - Mazamet.
Une dynamique nationale dont bénéficie le Tarn
Si le poids de l’industrie a fortement reculé depuis 1989 dans le Tarn, passant de 23,8 % à 13,2 % en 2021, l’hémorragie des emplois industriels s’est arrêtée en 2016. En effet, depuis cette année, le secteur industriel recrée des emplois. La baisse relative du secteur industriel se poursuit néanmoins car d’autres secteurs ont une croissance plus forte.
En France, ce coup d’arrêt à la destruction des emplois industriels se trouve aussi au mitan des années 2010. Depuis ce point bas, la dynamique de réindustrialisation est lancée dans le pays, avec des dynamiques différentes selon les territoires sur lesquelles reviennent les chercheuses Marjolaine Gros-Balthazard et Magali Talandier.

Elles constatent qu’en dehors des métropoles, les villes moyennes bénéficient de leurs spécialisations en plus d’atouts variés. Elles vantent aussi le solide tissu industriel des petites et moyennes entreprises (PME) qui maillent la ruralité.
Le Tarn correspond bien à ce portrait générique car c’est un département au profil économique diversifié. Les petites villes des hauteurs et coteaux sont orientées vers l’agriculture tandis que les villes moyennes d’Albi et Castres sont tournées vers l’industrie et les services. Avec une proportion d’entreprises de plus de 50 salariés inférieure de 0,6 points (3 %) à la moyenne nationale en 2020, le Tarn affirme son profil de département de petites et moyennes entreprises, qu’elles soient artisanales, agricoles ou industrielles.
Des enjeux industriels hétérogènes selon les territoires
Derrière ce portrait global, le Tarn se divise en plusieurs aires d’attraction telles que définies par l’INSEE. L’aire d’attraction située autour de Lacaune-les-Bains crée de nombreux emplois industriels grâce à la présence d’activités agroalimentaires, fortement liées aux nombreuses exploitations agricoles pratiquant l’élevage.
Le sud du département, autour de Castres-Mazamet maintient son activité industrielle principalement grâce à l’implantation d’un géant de l’industrie chimique et cosmétique : les laboratoires Pierre Fabre. Autour de cet acteur à l’empreinte nationale, des multinationales comme Thalès ou Dekra sont venues s’implanter. Le textile semble connaître un nouvel essor, mesuré, grâce au made in France.
L’ouest du département regarde vers l’aire d’attraction toulousaine et profite donc de son dynamisme industriel. En 2015, un actif sur dix du département du Tarn travaillait en Haute-Garonne. Le département s’est engagé autour des collectivités locales pour dédier du foncier à l’activité industrielle autour de l’A 68. Cette mesure est bienvenue car, comme le souligne cette étude du cabinet PwC, la facilité d’installation est un des trois principaux facteurs de réussite de la réindustrialisation, avec le financement et le formation des travailleurs.
En revanche, le pays albigeois et le nord du département ne bénéficient ni d’un tel dynamisme ni d’une spécialisation forte dans un secteur industriel depuis l’arrêt des activités minières. Dans cette partie du département on retrouve certes des installations industrielles ; la Verrerie ouvrière albigeoise est une institution, le carrossier Safra tente de se diversifier, l’agroalimentaire se développe avec les chocolats Yves Thuriès ou le spécialiste des sauces Morin Marée etc, mais aucun d’entre eux n’a l’empreinte internationale du groupe Pierre Fabre.
En manque d’une locomotive industrielle, la mairie d’Albi a ravivé en ce mois de mars un vieux projet de transformation du circuit d’Albi en pôle des nouvelles mobilités, en évoquant notamment l’hydrogène. Ce projet n’est pas sans rappeler celui mené par la ville du Mans, qui bénéficie d’un argument compétitif de poids avec la mythique course des 24 heures, et pourra compter sur les nombreux industriels de l’automobile implanté dans la Sarthe comme Valéo, Dura automotive ou Hutchinson.
Tout miser sur l’hydrogène : un pari risqué ?
La filière hydrogène bénéficie de plans de soutien à l’échelle européenne, nationale et régionale. Les annonces du président du Conseil départemental ou de la maire d’Albi constituent donc une étape finale d’une politique publique globale soutenant le développement de l’hydrogène. On peut néanmoins craindre que l’implantation de la filière hydrogène ex-nihilo voulue par les collectivités locales ne soit pas un franc succès pour plusieurs raisons.
D’abord, il manque au Tarn une entreprise privée de taille critique pour jouer un rôle moteur dans la commande et la formation, ce qui lancerait l’entrainement d’une filière. Ensuite, ces compétences et des travailleurs qualifiés, la région Occitanie pourrait venir à en manquer. D’ailleurs, l’hydrogène n’est pas encore une expertise particulière de l’IMT Albi si on croit son site web. Enfin, la filière hydrogène a des détracteurs de plus en plus nombreux qui pointent la perte d’énergie liée à l’électrolyse ou encore les risques liés à une corrosion accélérée des métaux.
Ainsi, le consensus s’établit autour d’une utilisation complémentaire de l’hydrogène vert pour décarboner des industries lourdes, des transports collectifs ou alimenter partiellement des réseaux de chauffage. L’hydrogène aurait cependant des rendements trop faibles pour être utilisé dans des équipements individuels comme les véhicules de particuliers.
Rester un département à l’économie diversifiée
Dans son étude sur la réindustrialisation précédemment citée, le cabinet PwC indique que les secteurs industriels qui devraient renaître en France sont ceux des “matériaux de construction et plastique (recyclage), des approvisionnements stratégiques (composants électroniques et pharmaceutiques) et des équipements électriques (batteries, électrification des processus)”.
À la lecture de ce paragraphe, on pourrait dessiner un plan de réindustrialisation alternatif, qui partirait des forces actuelles des industries du département pour leur permettre de se renforcer avec les tendances des années à venir :
Industrie de la construction : le Tarn dispose de matières premières de qualité avec le granit du Sidobre et les forêts de la Montagne noire,
Industrie pharmaceutique et cosmétique : développer une filière dans le nord du département en combinant les appels à la relocalisation des productions médicamenteuses, l’expérience des Laboratoires Pierre Fabre ou de Phodé à Albi ainsi que l’expertise de l’IMT d’Albi dans le secteur “poudres, santé et nutrition”,
Industrie du recyclage et de la réutilisation : profiter des expertises de Surplus Recyclage à Gaillac, de Trifyl près de Graulhet pour faire du département une terre pionnière du réemploi et de la valorisation des déchets.
En conclusion, on peut se féliciter de voir les pouvoirs publics mobilisés et alignés entre eux, en dépit des différences partisanes qu’ils peuvent avoir. Leur volontarisme est certainement un facteur facilitant la réindustrialisation du département, processus qui reste fortement dépendant du climat économique national. Quant à savoir si les pouvoirs publics ont fait le bon choix en misant sur l’hydrogène, seul le temps long apportera la réponse.
Data : 1ère étoile au Michelin depuis 2015
Parce qu’il n’y a pas que l’industrie lourde mais aussi du tourisme dans le Tarn, faisons un détour à Payrin-Augmontel. Dans cette commune située entre Castres et Mazamet, l’établissement la Villa Pinewood récolte la seule étoile Michelin du Tarn. La table se voit également décerner une étoile verte, rare distinction soulignant sa durabilité. Le Tarn n’avait plus compté de table étoilée depuis 2015.
Avant de nous laisser, auriez-vous deux minutes supplémentaires à m’accorder en répondant à un court questionnaire ? Votre participation me permettra d’affiner ce projet et de mieux répondre à vos attentes.
À suivre
17 mars : l’Assemblée nationale vote sur la motion de censure suite au déclenchement de la procédure mentionnée à l’article 49 alinéa 3 par le Gouvernement dans le cadre de l’examen du PLFSSR, porteur de la réforme des retraites
19 mars : World Cleanup day
21 mars : début de l’examen du projet de loi relatif aux jeux Olympiques et Paralympiques 2024 à l’Assemblée nationale, 20 collectivités du département sont “Terres de jeux” (relire In:Tarn n°3)
22 mars : journée mondiale de l’eau
25 mars : congrès d’Horizons, le mouvement de centre-droit fondé par Edouard PHILIPPE, à Paris
7-10 avril : congrès du PCF, à Marseille
Mi-avril : In:Tarn n°11
Toujours aussi interressant et pédagogique.
Bravo