n°19 - 🌾 Le Tarn est-il encore un département agricole ? / Greta Thunberg contre l'A 69
Quels tarnais au Parlement européen ? / Le Tarn est-il encore un département agricole ? / Greta Thunberg contre l'A 69 : les réactions / les QPV
Bonjour et bienvenue,
Si vous lisez In:Tarn avec attention, vous n’avez pas été surpris par la grogne agricole. Depuis plusieurs numéros déjà, je vous ai relaté les maladies, les sécheresses et autres difficultés du secteur.
Le dossier de cette édition dresse un portrait de l’agriculture tarnaise telle qu’elle est, et telle qu’elle pourrait évoluer. Mais d’abord, vous retrouverez quelques réactions des élus départementaux à la venue de Greta Thunberg contre l’A 69.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce dix-neuvième numéro !
Nathanaël
Au sommaire
L’A 69 en bref
En bref
Ici et ailleurs : L’épisode 2 des Tarnais à Bruxelles
Dossier : Le Tarn est-il encore un département agricole ?
Data : Toujours 11 quartiers tarnais prioritaires pour la politique de la ville
L’A 69 en bref
In-tarn-ational. Le 10 février, l’activiste écologiste suédoise Greta THUNBERG était en visite à Saïx, près de Castres, pour soutenir la mobilisation contre l’A 69, qu’elle a qualifié de “folie”. Sa venue a remis en lumière le combat mené par les opposants. Relire le dossier sur la liaison autoroutière.
Quel accueil ! La venue de la lauréate 2019 du Prix international de la Paix des Enfants a été critiquée par les partisans de l’autoroute :
Sur SudRadio, le sénateur centriste Philippe FOLLIOT a dénoncé l’hypocrisie de l’écologiste qui serait venue dans le Tarn “en avion pour se faire sa pub” aux côtés de “casseurs”.
Le président socialiste du Conseil départemental, Christophe RAMOND, a évoqué un “cirque” et a déclaré, en forme de réponse à la militante, que “La folie, c'est de ne pas respecter la décision des élus. La folie, c’est aussi de confondre écologie et anarchie”.
Enfin, le patron du parti présidentiel Renaissance, Florian DEMAREST, a jugé n’avoir “vraiment rien à dire et rien à battre de l'autre Greta THUNBERG venue faire la gueule dans le Tarn aux côtés de ses factieux cagoulés.”
Vous faire préférer le train. Combien coûterait vraiment le désenclavement de Castres par une liaison ferroviaire ? Certaines voix remettent en cause l’estimation de 850 millions d’euros régulièrement avancée pour un tel projet. La députée France Insoumise de la 2e circonscription, Karen ERODI, demande une étude technique.
Les revoilà. Les députés écologistes ont souhaité que l’Assemblée nationale crée une commission d’enquête sur le montage juridique et financier du projet d’autoroute A 69. Jean TERLIER, député Renaissance de la 3e circonscription et pro-autoroute, a été élu à la présidence de cette commission. Il a d’ores-et-déjà annoncé que “l’objet de la commission ne sera pas la remise en cause de la légitimité du chantier”.
Karen ERODI est vice-présidente et Frédéric CABROLIER, député Rassemblement national de la 1ère circonscription, secrétaire de la commission.
En bref
Situation Comptable Amère. Le club albigeois de rugby à XV serait confronté à de nouvelles difficultés financières. Le SCA a vu ses ressources diminuer drastiquement lorsqu’il a quitté la Pro D2 pour la nationale (- 3M €). Cette année, les dirigeants craignent que l’annulation des rencontres contre Blagnac ne génère un déficit, d’après leur entretien au Mag Sport.
Coup de frein. Le Tarn a perdu 440 emplois sur l’année 2023 selon l’URSSAF Occitanie avec les secteurs de l’intérim (-8,1 %), de l’hébergement-restauration (-4,7 %) et de l’industrie (-1,2 %) qui ont particulièrement souffert. Relire le dossier sur la réindustrialisation du Tarn.
CATA. Les services de l’État cherchent de nouveaux gestionnaires pouvant assurer la reprise du Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) de Montans. Les nouveaux gestionnaires seront connus début mars au plus tard.
Relire le dossier sur l’accueil des demandeurs d’asile dans le département.
Nomination. Eric GUILLAUMIN, maire de Carlus, devient le responsable départemental du parti Horizons, fondé par l’ancien Premier ministre Edouard PHILIPPE. La référente régionale du parti reste la maire d’Albi Stéphanie GUIRAUD-CHAUMEIL.
❓ Questions parlementaires. Frédéric CABROLIER s’étonne que le Gouvernement n’ait pas remis son rapport sur les retraites agricoles / Karen ERODI s’alarme des conditions humaines et économiques dans les EHPAD / Jean TERLIER réclame une médaille pour les forces de l’ordre qui se sont distinguées pendant les émeutes de l’été 2023.
➡️ Et aussi… Le remplissage des nappes phréatiques tarnaises reste précaire / Patrick VIEU et un collectif publient “Le pouvoir d’agir : construire la social-démocratie écologique” / Les bassins nordiques de la maire d’Albi braquent le conseil d’agglomération / Dans le Gaillacois, ce sont les débats autour de l’usine d’enrobés qui tendent le conseil d’agglomération / Philippe FOLLIOT demande que la France fournisse des Mirage 2000 à l’Ukraine.
Les Tarnais à Bruxelles : épisode 2
En décembre, je vous proposais un dossier sur les élections européennes. Le 9 juin, vous serez amenés à voter pour une liste paritaire de 81 noms. Les chances de trouver des noms de tarnaises et de tarnais sur ces listes sont élevées. Est-ce pour autant que nous aurons au moins un député européen tarnais le lendemain de l’élection ? C’est loin d’être certain.
Des tarnais présents mais aux positions incertaines chez les Socialistes et au sein des Républicains
Au sein du parti Les Républicains (LR), c’est le sortant François-Xavier BELLAMY qui emmènera la liste. Si Guilhem CARAYON a exprimé son envie d’y figurer, il faudra attendre que la commission nationale d’investiture du parti de droite populaire se réunisse pour connaître son sort. En 2022, lors des élections législatives, le patron des Jeunes Républicains était le 4e homme dans la circonscription du sud-ouest du département avec près de 8 996 voix.
Dans le camp socialiste, les proches de Carole DELGA n’ont pas obtenu les premières places de la liste, très convoitées car synonyme d’élection quasi-assurée. La liste associera des membres du Parti socialiste (PS) au membres du mouvement Place publique (PP) de Raphaël GLUCKSMANN, lui aussi député européen et tête de liste sortant.
Claire FITA, conseillère régionale socialiste d’Occitanie et élue municipale à Graulhet, est 10e sur la liste adoptée par les militants du PS le 8 février. Cette liste n’est pas définitive et devrait évoluer avec l’insertion des candidats de Place publique. Si Claire FITA occupe la 12e place sur la liste PS/PP, il faudrait que le score de la liste soit autour de 12 % ou plus pour qu’elle soit assurée de siéger au Parlement européen lors de la session inaugurale mi-juillet.
Une proximité inédite au centre
C’est avec surprise que nous avons pu découvrir dans l’édition du 5 février du journal Le Monde, une tribune co-signée notamment par le candidat aux élections européennes et sénateur centriste Philippe FOLLIOT avec Vincent GAREL, conseiller régional d’Occitanie et premier vice-président du Parti Radical de Gauche (PRG).
Aux côtés de nombreux députés du groupe LIOT, les deux tarnais sont signataires de cette tribune lancée par le centriste Jean-Christophe FROMANTIN, maire de Neuilly-sur-Seine.
La prose étrille la centralisation parisienne et bruxelloise, souhaite “libérer les énergies” en mettant fin à la bureaucratie et évoque des “souverainetés partagées” entre les territoires et les échelons nationaux et supra-nationaux. La tribune insiste notamment sur le besoin de mise en oeuvre de la subsidiarité. Pour rappel, le principe de subsidiarité est inscrit à l’article 5 du Traité sur l’Union Européenne depuis l’adoption du traité de Maastricht en 1992.
La signature de cette tribune augure-t-elle d’un ralliement de Philippe FOLLIOT et de son initiative, Ruralités 2024, à la candidature centriste de Jean-Christophe FROMANTIN ? Pourrait-on voir les radicaux de gauche, boudé par le PS, se tourner vers les petites formations centristes pour constituer une liste ? La réponse interviendra au plus tard le 17 mai, date butoir pour le dépôt des listes.
Le Tarn est-il encore un département agricole ?
En 1988, le Tarn comptait près de 12 000 exploitations agricoles. 36 ans plus tard, on n’en compterait plus que 4 700. Cependant, la surface agricole utile (SAU) a évolué moins drastiquement, passant de 327 000 à 297 000 hectares. Ainsi, la surface moyenne d’une exploitation a augmenté de 20 %.
Côté main-d’oeuvre, ces dix dernières années, le nombre de travailleurs dans le secteur agricole a baissé de 22 %. L’agriculture ne représente plus que 8 000 actifs permanents dans le Tarn. C’est dans l’Est du département que l’agriculture représente la plus grande part des emplois totaux.
Ail, bois, productions labellisées font l’identité de l’agriculture tarnaise
Au sein de la région Occitanie, le Tarn se distingue en étant le premier producteur de bois et pour son important nombre d’abeilles. Néanmoins, c’est bien en produisant plus de 5 000 tonnes d’ail par an, et en occupant la place de premier producteur français de ces bulbes que le Tarn brille.
La filière de l’Ail rose de Lautrec représente fièrement le département, notamment grâce à son statut d’Indication Géographique Protégée (IGP). Le département compte d’autres produits labellisés : le Gaillac et le Roquefort bénéficient de l’Appellation d’Origine Contrôlée (AOC). Le Label Rouge récompense le Veau d’Aveyron et du Ségala, les Agneaux fermiers des Pays d’Oc, le Cabécou d’Autan. Enfin, on recense d’autres IGP comme les canards à Foie Gras du Sud-Ouest, le Jambon de Lacaune, les Vins de Pays des Côtes du Tarn…
Ces différents labels permettent de mieux valoriser les productions agricoles du département, ce qui est généralement synonyme de meilleures rémunérations.
Une production dont la valeur marchande ne cesse de baisser
Pour mesurer cette valeur marchande, le ministère de l’Agriculture détermine la production brute standard (PBS). C’est la valeur potentielle attribuée aux cultures et cheptels par un système de coefficients.
La valeur potentielle de l’agriculture tarnaise a diminué de 10 % entre 2010 et 2020, passant de 503 M€ à 451 M€.
La raison principale de cette diminution est qu’entre 2010 et 2020, le Tarn est passé d’un cheptel de 161 000 à 140 000 bovins. L’effondrement du nombre de vaches laitières, déjà évoqué dans In:Tarn n°15, a pour conséquence d’affecter fortement les volumes de production de lait de vache qui se sont réduits de l’ordre de 23 % ces 10 dernières années.
Toutefois, le département du Tarn reste résilient car il a une répartition des surfaces agricoles plutôt équilibrée entre grandes cultures, surfaces fourragères dédiées à l’élevage et d’autres activités comme la vigne, le maraîchage ou l’arboriculture.
Enfin, la montée en puissance de la filière ovine, qui produit de la viande mais surtout du lait pour la filière du Roquefort, vient compenser l’effondrement bovin.
En 2024, la cristallisation de plusieurs crises
Pour les agriculteurs français, la question de la rémunération est centrale. Depuis plusieurs années déjà, avec les lois Egalim, les gouvernements se sont attelés à préserver les marges des agriculteurs, trop souvent obligés de céder devant le pouvoir de négociation des industriels.
La situation était donc déjà précaire lorsqu’en 2022, des mesures de soutien à l’Ukraine ont été adoptées, ayant pour conséquence de faciliter les importations de blé ou de volailles.
Cette nouvelle concurrence internationale, soudaine, s’ajoute à un marché déjà plein d’adversaires pour des agriculteurs français peu compétitifs. D’autant qu’en plus de la concurrence, la Ferme France a vu ses coûts de production exploser : prix des engrais, prix du gaz et de l’électricité, coût du crédit pour les machines…
S’agrandir ? Se verdir ? Se diversifier ? Les agriculteurs à la recherche de la recette pour survivre
La course aux volumes n’est donc pas envisageable. Elle l’est d’autant moins que le cadre européen agricole, la Politique Agricole Commune, met l’accent sur une transformation environnementale progressive. De nombreux critères environnementaux ont été implémentés dans les aides européennes, faisant évoluer la doctrine d’une prime à la production en une prime à la conservation des paysages et des traditions. Le futur métier des agriculteurs français ?
En 2019, les agriculteurs tarnais ont touché 117 M€ d’aides agricoles, dont 116 M€ au titre de la Politique Agricole Commune (UE).
Dans ces sommes, plus de 6 M€ ont été fléchés particulièrement pour soutenir la filière biologique. La surface consacrée au bio a doublé entre 2010 et 2020, et les petits exploitants sont les premiers à s’y diriger. Cependant, il est indispensable d’accompagner les 650 exploitations converties à l’agriculture biologique.
En effet, l’inflation sur les produits alimentaires conduit les consommateurs à faire des arbitrages sur les prix, souvent en défaveur des produits biologiques. De plus, si elle permet d’économiser sur les coûts d’achats des intrants chimiques, la conversion bio est coûteuse car elle impose souvent une mécanisation plus forte qui se conjugue à un rendement par hectare qui baisse.
Une autre piste d’adaptation semble être la diversification à des activités non-agricoles. Lors de son dernier recensement, l’administration a constaté le dynamisme des exploitants agricoles qui investissent dans la transformation des denrées sur place, dans le tourisme ou encore dans les énergies renouvelables.
La diversification la plus fréquente et visible pour le consommateur est encore la vente directe locale, qui permet à l’agriculteur de bénéficier d’une meilleure reconnaissance et d’une rémunération juste. Le département du Tarn encourage ces initiatives au travers de l’installation de casiers ou du développement de la plateforme AgriLocal81.
Sources :
Recensement agricole, 2020, données AGRESTE,
Mémento 2021, DREAF Occitanie,
L’agriculture du Tarn en bref, 2019, chambre régionale d’agriculture.
Toujours 11 quartiers tarnais prioritaires pour la politique de la ville
Plus de 5 millions de français vivent dans un quartier prioritaire pour la politique de la ville (QPV). Cette politique de la ville consiste en une coordination et l’attribution de financements opérés par l’Agence Nationale pour la Cohésion des Territoires (ANCT). L’agence se mobilise avec “pour but de réduire les écarts de développement au sein des villes” selon les priorités fixées par le Gouvernement.
L’objectif est d’ “améliorer les conditions de vie des habitants, qui subissent un chômage et un décrochage scolaire plus élevés qu’ailleurs, et des difficultés d’accès aux services et aux soins.”
Le Gouvernement d’Élisabeth BORNE a souhaité reconduire le dispositif des QPV, qui n’avaient pas été mis à jour depuis 2014. Ainsi la nouvelle cartographie des QPV a été publiée au Journal officiel. Au 1er janvier 2024, en France métropolitaine, 1 362 quartiers sont désormais labelisés quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Cette publication fait réagir un certain nombre de collectivités. En effet, le gouvernement se vante d’avoir augmenté le nombre de quartiers concernés mais dans certaines communes, comme à Paris, le zonage des quartiers s’est rétréci. Ainsi, le nombre de bénéficiaires et les financements associés ont en réalité baissé.
Le Tarn n’est pas concerné par ce tour de passe-passe. Dans notre département, le nombre de QPV reste stable à 11 quartiers. De plus, la tendance est plutôt à l’élargissement des zones concernées. 4 quartiers conservent leurs frontières de 2014 tandis que les 7 autres s’agrandissent marginalement.
Vous souhaitez savoir si votre domicile fait partie des QPV ? Vous pouvez accéder aux cartes interactives en suivant ce lien.
À suivre
19 février : suspension des travaux parlementaires à l’Assemblée nationale, reprise le 26 février,
21 février : entrée de Missak MANOUCHIAN et de sa femme Mélinée au Panthéon,
18 et 25 février : défilés du carnaval d’Albi,
24 février : deuxième anniversaire du conflit entre la Russie et l’Ukraine,
24 février : début du Salon International de l’Agriculture, à Paris jusqu’au 3 mars,
du 1er au 3 mars : Rallye des Côtes du Tarn, Rabastens et Couffouleux,
8 mars : journée internationale dédiée à la lutte pour les droits des femmes,
15 mars : In:Tarn n°20.
Juste pour info Bernard Carzyon maire de. Lavaur n’a aucun projet sur les mobilités douces .
La preuve aussi grâce à la Dépêche 😀
https://www.ladepeche.fr/2024/02/22/le-plan-velo-pedale-toujours-11780282.php